Les petites reines

Auteur : Clémentine Beauvais

Édition : Sarbacane (Exprim')

Prix broché : 15.50€

Nb de pages : 270

Synopsis : À cause de leur physique ingrat, Mireille, Astrid et Hakima ont gagné le « concours de boudins » de leur collège de Bourg-en-Bresse. Les trois découvrent alors que leurs destins s’entrecroisent en une date et un lieu précis : Paris, l’Élysée, le 14 juillet. L’été des « trois Boudins » est donc tout tracé : destination la fameuse garden-party de l’Élysée !!! Et tant qu’à monter à Paris, autant le faire à vélo – comme vendeuses ambulantes de boudin, tiens ! Ce qu’elles n’avaient pas prévu, c’est que leur périple attire l’attention des médias… jusqu’à ce qu’elles deviennent célèbres !!! Entre galères, disputes, rigolades et remises en question, les trois filles dévalent les routes de France, dévorent ses fromages, s’invitent dans ses châteaux et ses bals au fil de leur odyssée. En vie, vraiment.

            J’appréhendais beaucoup cette lecture, le sujet traité me touche particulièrement et j’avais peur que ce roman me remémore de mauvais souvenirs…Mais hormis quelques passages au début du livre, ça n’a pas été le cas et j’ai même beaucoup ri !

            Mireille a été élue boudin de bronze, elle est surprise de ne pas avoir obtenu la médaille d’or comme chaque année. Elle semble en rire mais la vérité en est tout autre. En effet, le concours des boudins élit les trois personnes les plus moches du collège. Mais comme elle y est habituée, Mireille le prend avec sourire et s’offusque même d’avoir perdu la première place. Elle fait la connaissance des autres boudins, Astrid et Hakima. Ces dernières, au contraire, en souffrent énormément.           Au fil de leur discussion, elles se rendent compte avec stupéfaction qu’elles ont un point commun ou plutôt un événement en commun : le 14 juillet à Paris. Mireille a une idée complètement saugrenue : y aller à vélo. Astrid et Hakima acceptent. Mais bien évidemment, leurs familles sont contres mais finissent par céder. Elles ne seront pas seules dans leur aventure, le frère de Hakima, un rescapé de guerre les accompagne. Très vite, leur escapade attire les médias et nombreux se demandent quelles sont leurs véritables attentions…

            Au premier abord, Mireille m’a beaucoup déconcertée. La façon dont elle prenait ce concours avec désinvolte voire avec humour m’a surprise. Certes, on comprend assez vite que ce n’est qu’une façade ; j’avoue que je l’ai jalousée. Elle a du répondant et ne se laisse pas faire. Elle m’a beaucoup fait rire, elle dit ce qu’elle pense et ce sans penser parfois aux conséquences. Mais elle m’a beaucoup touchée. Son histoire familiale est loin d’être simple, j’ai trouvé parfois son comportement envers sa mère assez sévère mais leurs chamailleries sont une façon de communiquer entre eux. On ressent l’attachement qu’elles éprouvent entre elles, elles ont juste une drôle de façon de le montrer. On suit surtout le point de vue de Mireille, on n’a donc pas assez d’éléments pour s’attacher à Hakima et Astrid mais j’ai trouvé qu’elles acceptaient peu à peu leur « titre » de boudin. Elles forment un trio inattendu mais elles se complètent. Ces trois filles m’ont terriblement émue.

            Clémentine Beauvais a un style très agréable et je la félicite pour avoir réussi à me faire rire sur ce sujet extrêmement sensible. J’ai pu la rencontrer lors du salon de Montreuil et je l’ai trouvée très douce et adorable. Son roman est comme elle, incroyablement mignon et drôle. J’ai beaucoup aimé suivre leur escapade, je ne pensais pas aimer autant le road trip mais je me suis trompée : c’est vraiment très intéressant ! La route sera loin d’être facile et il aura beaucoup d’imprévus mais nos protagonistes ne se décourageront pas ; j’admire leur courage et leur force !

            Le message derrière le livre est très belle et tellement saisissante : le fait que les filles décident sur leur chemin de vendre des boudins –une belle ironie, avouons-nous !- prouvent qu’elles ne se victimisent pas. Et qu’au lieu de pleurer sur leur sort, elles se battent et s’approprient cette insulte pour la transformer en force. Leur force. Une belle morale mais même si je trouve qu’elle est un peu triste. Je ne veux pas entrer dans un débat de la définition de la « beauté » d’aujourd’hui mais c’est vraiment dommage qu’à l’heure actuelle, il y a un terrible manque de tolérance. L’extérieur prime sur l’intérieur et je rêve en cachette qu’un jour se soit le contraire (oui, je sais, je peux rêver…).

            En conclusion, si vous avez peur –comme moi- que ce livre soit difficile à lire émotionnellement, n’ayez crainte, c’est même tout le contraire. L’auteure arrive à alterner entre l’humour et le réalisme de notre société d’aujourd’hui. Et le plus fort –et bravo à elle !- on ne ressent pas de la pitié pour les trois filles, on contraire, on éprouve une véritable admiration. A lire !

LoVe You

Mélie.